On a appris à parler, à entendre et à se comprendre. On parle comme si de rien n'était, comme si le poids des mots n’avait pas d’importance. Alors parfois on écrit, laissant l’imaginaire du lecteur créer sa propre fiction et sa vision du récit.
Malgré des années et des années d’évolution du langage, nous avons encore de la peine à nous comprendre (nous co-prendre), à tirer d’un échange la substance même de ce qui nous anime. Je peine à voir que dans la société d’aujourd’hui, on passe plus de temps à débattre et à essayer de convaincre l’autre qu'à vraiment écouter. Elle pleure, je la rassure. Elle crie, je me défends…. Elle me propose un point de vue, j’essaie de lui imposer le mien.
L’existence même de notre être dépend de la manière qu'on a d’être entendu. Seuls, laissés à l’abandon et sans lien, nous n’existons plus, nous sommes alors vides de sens. Le débat nous amène l’interaction avec les autres : à travers le lien et l’autre, j’existe et je prends vie. Alors pourquoi tant de malentendants dans ce monde ? On interagit avec les gens à la manière d’un débat politique, dans lequel nous essayons de convaincre l’auditoire, qui n’est autre que le petit monde que nous avons en face de nous.
Alors comment faire pour retrouver cette écoute ? Comment faire pour entendre à nouveau ? Laisser la réalité de l’autre nous toucher et la laisser vivre pleinement ? Comment faire lorsque le monde et la réalité de l’autre viennent ébranler la mienne, comment faire…
Parfois, il faut avoir l’intelligence de se la fermer, car l’autre n’entend pas, ou n’a pas acquis cette capacité. On ne peut lui reprocher car c’est tout de même une bonne majorité…
Alors on s’efface dans le silence et l’acceptation. Parfois on en souffre pleinement, car on a l’impression de ne plus être, d’être vide de sens, que notre petit monde mental n’est rien dans les yeux de l’autre. Alors la souffrance naît. Elle s’implante et crie plus fort encore ; à travers des débats houleux, elle demande à exister. La souffrance devient la cloche qui sonne au loin, annonçant des tourments. Alors on n’écoute ni la cloche, ni les cris. Car ces derniers sont l’expression d'une souffrance qui ne nous concerne pas. «Va-t’en avec tes problèmes que je ne peux résoudre ! J’ai les miens et tu ne peux rien pour moi !».
On tombe alors dans ce piège de l’égo. Enfant perdu qui demande de l’attention, petite personne enfouie au fond du fond qui crie et qui cherche les câlins, le réconfort.
Alors revenir au cœur, se focaliser sur ce qui est beau et ce que l’on partage plus que sur ce qui nous divise. On perd en profondeur d’échange, mais sommes-nous capables d’aller en chercher ailleurs ? Au fond de nous ? Qui sait…
Il y a en chacun de nous un enfant apeuré, seul, perdu ou triste qui demande à exister. Mais qu’en est-il si l’autre ne lui laisse pas la place ou l’ignore ? On peut sans doute s’en accommoder un instant, le temps de se reposer ou de méditer.
Je pense que tout homme ou femme cherche à laisser une trace, quelle qu’elle soit… et le langage et le partage sont les outils du sculpteur qui laisse son emprunte. Nous existons à travers nos échanges et dans les yeux des autres. Alors le lien nous emporte et nous mettons tout dedans, le meilleur de nous comme nos travers et nos déboires. Nous ne pouvons être véritablement honnête et entier si l’autre n’accepte que les bons côtés de notre personnalité. Mais nous sommes responsables de ce que l’on est et de ce que l’on vibre.
Alors dans ces moments d’incompréhension, lorsque vous ne vous sentirez pas entendu, revenez à la personne que vous êtes et à l’être exceptionnel que vous souhaitez être. Travaillez en douceur sur vos blessures et éteignez le feu de la colère. Vous existez aux yeux de la Vie, c’est elle qui vous porte dans cette existence… c’est un cadeau précieux.
Comments