VoilĂ deux jours que je me prĂ©pare⊠voilĂ deux jours que je planifie ce moment oĂč je vais me reconnecter Ă cette terre et revenir dans les sensations, dans le corps, dans la crĂ©ation de quelque chose.
Jâai achetĂ© un arbre, un Ă©pineux qui est assez rare par chez moi. Jâai dĂ©cidĂ© dâen mettre un dans mon jardin, sous ma fenĂȘtre. Une sorte dâami Ă qui je pourrai dire bonjour lorsque jâouvre mes volets. Pas bien grand, jâaimerais le voir grandir et pousser, pour ainsi me rappeler le temps qui sâĂ©coule sans que lâon en ait parfois conscience. Aujourdâhui, phase de lune noire, le moment idĂ©alement symbolique: reprĂ©sentant le renouveau, la nouvelle lune, le chemin vers une lune ronde et blanche⊠ce dont jâai besoin ces jours: dâune renaissance, dâun changement de cycle.
(N'allez pas croire que c'est la vue de ma fenĂȘtre đ . CrĂ©dit Photo Yann Billieux)
Lâintention y est, mais la nature est capricieuse et, en ce mois dâavril, la neige sâinvite dans mes plans, me relĂ©guant Ă des humeurs maussades et tristes⊠Tout Ă©tait prĂȘt et me voilĂ confrontĂ© aux tempĂ©ratures froides et Ă cette neige qui rend cette plantation impossible. Prendre le risque? mâen tenir Ă ce que jâai convenu en moi-mĂȘme? Oser braver cette nature et mây imposer sous prĂ©texte dâĂȘtre consĂ©quent, de me tenir Ă ce que je me suis dit? A cet engagement que je jâai pris envers moi-mĂȘme la veille?
Au risque de paraitre incohĂ©rent ou inconsĂ©quent, je me laisse glisser vers cette Ă©criture pour dĂ©poser ce ressenti⊠Faisant lien avec une pĂ©riode relationnelle agitĂ©e et peu joyeuse, je me connecte Ă ce moment de changement et ces imprĂ©vus qui nous tombent dessus, Ă lâimage dâun ciel incertain qui bouscule nos plans.
La Vie est faite de cycles et dâimprĂ©vus, nous passons beaucoup de temps Ă planifier, calculer, agender, mettre nos plans Ă exĂ©cution⊠mais la Vie est capricieuse et les alĂ©as du climat, ainsi que de nos relations, ne font pas exception... Il y a toujours un couac, un Ă©lĂ©ment Ă©tranger qui sâimmisce quand personne ne sây attendait⊠On peut regarder notre application de mĂ©tĂ©o, connaĂźtre les gens et leurs rĂ©actions, il nâempĂȘche que la meilleure des planifications ne nous soustrait pas Ă la variable alĂ©atoire, aux milliards de scĂ©narios possibles.
Du coup, comment faire et comment aborder ces impermanences et ces alĂ©as? Avoir un plan «B», une solution de secours? Anticiper le mauvais temps en protĂ©geant le lieu de la plantation? Anticiper de dormir ailleurs car blessĂ© dans une relation et souhaitant ĂȘtre seul? Je ne crois pas.
La solution nâest ni dans un plan de secours ni dans lâanticipation de milliards de possibilitĂ©s. La solution est dans lâaccueil sans condition des contraintes et des changements. La Vie est un pouvoir dynamique et sans cesse en renouvellement, il nây a pas dâespoir dans le calme et lâillusion que tout devienne lisse et simple. Cette croyance, vĂ©hiculĂ©e par notre sociĂ©tĂ©, nous pousse Ă rechercher ce quâil nous manque, Ă faire des pauses et Ă prendre soin de soi ou Ă partir en vacances pour dĂ©connecter.
Le vĂ©ritable calme est intĂ©rieur, et lâacceptation de lâimpermanence est une voie que je continue dâexplorer. Câest important de garder de la souplesse et de voir chaque changement de temps ou chaque dĂ©sĂ©quilibre dans le lien comme une opportunitĂ© de mieux se retrouver, mieux se connaĂźtre et grandir encore, mĂȘme si parfois câest dans la douleur.
Crédit photo: Yann Billieux
Lâessence mĂȘme de toute vie est la recherche de paix, mais ce calme ne peut venir que du plus profond dâun ocĂ©an: malgrĂ© les vagues qui le touche Ă la surface, les tempĂȘtes et les Ă©lĂ©ments changeants, lâocĂ©an profond, lui, est un havre de paix, Ă lâimage de notre cĆur et de notre Ăąme⊠tout au fond de nous, connectĂ© Ă quelque chose de plus grand, il y a un souffle apaisĂ© et serein, une quiĂ©tude quâil fait bon Ă©couter lorsque la tempĂȘte est lĂ : rien ne sert dâĂ©viter les vagues des alĂ©as de la mĂ©tĂ©o ou des relations, il suffit de sâen remettre Ă cette paix intĂ©rieure et Ă lâaccueil inconditionnel de ce qui se passe.
Cet accueil est le mouvement mĂȘme de la vie⊠lutter sans cesse contre ce qui nous arrive, comme la mĂ©tĂ©o, câest aller Ă lâencontre mĂȘme de la vie, de lâexistence.
Ouvrant notre cĆur et notre intĂ©rioritĂ© Ă ce qui se passe, cessons de lutter vainement contre la dynamique de la Vie, arrĂȘtons de chercher le contrĂŽle pour sortir de la souffrance: il nây a pas de joie dans le contrĂŽle.
La maĂźtrise dâun art: celui de lâaccueil du monde, est la voie que jâemprunte pour vivre en harmonie et en paix avec les Ă©lĂ©ments et mes relations.
MĂȘme si cela reste parfois compliquĂ© et dur, expĂ©rimentant la souffrance et le manque, je reste fidĂšle Ă cette paix intĂ©rieure qui est certes profonde, mais qui ne demande quâĂ ĂȘtre explorĂ©e.
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