Pourquoi parler de l'enfance dans un contexte de relations plurielles ? D'une part pour expliquer le non-fondé de nos peurs d'adultes à expliquer nos modes relationnels et amoureux à notre progéniture, et d'autre part parce que les enfants ont beaucoup de choses à nous apprendre côté relation. L'enfance est la période merveilleuse où l’égo n'est pas encore présent, dirigeant l'existence. En grandissant dans cette société, le système éducatif aidant bien, l’égo se développe et grandit. C'est normal et le processus est similaire chez chacun: Le développement de L’égo est un besoin qui semble indispensable dans la construction de notre humanité, c’est sans doute grâce à lui que l’on a bâti, exploré et osé. Malheureusement, notre égo semble avoir eu de mauvais enseignants et, en lieu et place de nous aider à grandir sereinement, le voilà quasi maître à bord de nos vies. Le système scolaire nous met la pression, il nous impose la compétition : l'idée n'est pas vraiment d'aider et de soutenir nos jolies têtes blondes à grandir avec passion dans notre humanité, mais de produire des adultes dociles et compilants à notre cher système.
Pensez au plus grand des chirurgiens cardiaques. Ce dernier accomplit des miracles à nos yeux ; il soigne avec une précision millimétrique cet organe merveilleux. Cependant, cet homme ne pourra jamais accomplir tant de miracles sans l'équipe qui l'entoure. Anesthésiste, instrumentiste, aide de salle. Eux-mêmes dépendent des appareils et outils dont ils ont besoin. Un ouvrier sans qualification particulière est sans doute à l'origine du scalpel ou du joint dans le respirateur. Nous sommes tous interdépendants et interconnectés : l'évidence est là, mais semble échapper à notre mental et à celui des autres. C'est notre système qui développe le mauvais égo, qui rentrera en conflit inévitable dans nos relations professionnelles et personnelles.
L'enfant, lui, semble échapper à cette règle et opère une merveilleuse danse avec la vie. On naît sans égo, on le construit avec de mauvaises références, puis on passe le plus clair de notre temps à le déconstruire, pour ensuite, au soir de la vie, faire la paix avec cette partie de nous.
Lorsque l'on entre dans un mode de relation pluriel, nous nous reconnectons avec notre âme d'enfant, c'est grisant et déstabilisant. Notre cher égo se sent menacé une fois de plus. L'enfant ne quantifie, ni ne qualifie de manière ordrée ses relations : il aime ses parents comme son doudou ou le chat des grands-parents. Des amis, il en a des tas, parfois juste pour une heure sur une place de jeu ou à la plage, créant une relation éphémère, afin de finir cette partie de cache-cache ou ce château de sable. Alors, les enfants ont tout à nous apprendre, même si notre égo d'adulte travaille sans cesse pour éviter d’expliquer ce qui pourrait sembler évident : aimer plusieurs personnes de manière et d’intensité diverses.
La plus belle anecdote à ce sujet est celle de notre fils, le plus jeune. Durant quatre jours, il nous a fait la tête lorsqu'on lui a expliqué notre mode de vie amoureux. La raison ? Parce qu'il ne comprenait pas pourquoi on ne le lui avait pas dit plus tôt ! Je ris toujours en racontant cette histoire, tellement elle est vraie et pleine de sens: Pour un enfant, aimer est un concept bien plus ouvert et plus vaste que chez l'adulte. Expliquer à nos enfants fut libérateur, mais bien au-delà encore ! Une complicité s'est ouverte et des questions pertinentes sur les relations et la sexualité ont pu être exprimées. Croyez-moi, un enfant peut bien mieux comprendre qu'un adulte ! Les exemples sont nombreux dans notre environnement familial, où les adultes acceptent moins bien notre choix que nos enfants ! Le souci est toujours l’égo et cette manie de se sentir menacé.
L'enfance, c'est la joie, l'innocence, la pureté. Je pense sincèrement que nous devrions nous inspirer de nos enfants qui doivent aujourd'hui nous montrer la voie. À nous adultes, matures cérébralement, de mettre en œuvre leurs visions. Je ne connais aucun petit enfant qui ne soit dans de l'addiction ou détruit la nature. L'enfance, c’est la paix avec le monde.
Cet enfant intérieur oublié est un allié puissant à nos vies d'adultes organisés. Ainsi, dans un mode relationnel sain et harmonieux, nous retrouverons cette part merveilleuse au fond de nous. Les relations plurielles vibrent intensément dans ce lien qui n'est pas normé ou hiérarchisé. On peut alors créer un lien affectif, spirituel, intellectuel, physique, de mille manières et mille intensités différentes ! La palette de couleurs semble sans fin et elle permet de créer des toiles de constellations merveilleuses !
Soyons inspirés par l’innocence de l'enfance et permettons-nous d’aimer - de vivre en relation - de créer, d'inventer et de construire quelque chose qui nous ressemble, et qui n'est pas le fruit de notre égo ou le choix de la plupart
N’oubliez jamais le visage joyeux d'un enfant : il est la plus pure incarnation de l'amour.
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