L'ENR c'est quoi ?
L'ENR (Énergie de Nouvelle Relation) est une sorte de pétillement à l'intérieur de soi lorsque l'on débute une nouvelle relation. Que cette dernière soit amoureuse ou une amitié très forte, cette énergie semble prendre toute la place, être omniprésente. C'est elle qui nous fait sourire bêtement dans le métro, qui nous donne des papillons dans le ventre, qui nous fait nous réjouir de revoir la personne aimée. L'ENR offre une sorte de "coup de booste" chimique à l'intérieur de notre corps et on en bénéficie tout entier.
L'ENR induit des réactions dans tout notre être. Que cela soit dans le mental (on y pense constamment, on met en place des actions concrètes pour voir la relation, pour partager avec elle, …) dans le physique (excitation, papillons dans le ventre, stress lorsque l'on rejoint la relation, …) ou plus au niveau de l'âme, cette étincelle se diffuse en nous et hors de nous. Cet enthousiasme, cette énergie et cette joie transpirent et irradient autour de nous, parfois à tel point que nos proches ou nos collègues nous trouvent différents et joyeux sans trop savoir pourquoi.
L'ENR et la durée
La notion de temps avec l'ENR est très liée. Le temps consacré à être dans cette énergie peut-être très présent et cela peut également prendre du temps qui était alors consacré à d'autres relations.
Il n'existe pas de durée propre à l'ENR, il semble que le temps rende la chose plus paisible et la fasse perdre en intensité. Elle peut être alors remplacée par quelque chose de plus doux, avec moins de folie, avec un rythme plus tranquille, une stabilisation et une normalisation de la relation. Le plaisir ne se perd pas mais se transforme.
C'est assez similaire à ce qui se passe dans une relation standard au final, mais la particularité de l'ENR dans un cadre polyamoureux est qu'il y a forcément une interaction avec les autres partenaires ; cela représente également un avantage car visiblement on s'oublie moins. Le fait d'avoir plusieurs partenaires nous oblige à rester un peu les pieds sur terre et à prendre en considération les autres. Cela semble être un effet protecteur et nous permet d'éviter les pièges de la pensée comme l'effet de halo (on ne voit que le beau, que les qualités de l'autre), la première impression (l'esprit va chercher des éléments qui nous confortent dans notre première vision), l'effet de dissonance (volonté implicite de chercher des éléments pour aller dans le sens de nos choix).
Il semble également que l'on apprenne beaucoup à travers la pratique et avec le temps, grâce auquel on rencontre plusieurs fois ce genre d'énergie. Les personnes expérimentées du groupe semblent plus conscientes de cette énergie et peuvent l'appréhender de manière plus sereine.
Trois types de situations
Ceux qui n'accèdent pas à cela
Il semble que des personnes soient plus sensible à l’ENR : elles peuvent facilement être touchées par ce phénomène. D'autres personnes du groupe semblent être moins sensibles à cela, mais probablement qu'il y a également un mécanisme de protection qui entre en jeu. Des personnes semblent se protéger de l'ENR afin de préserver la relation primaire.
Ceux qui la subissent
Les personnes dont le ou la partenaire est en plein ENR semblent subir cette nouvelle énergie. Les gens trouvent la relation nouvelle puérile, le partenaire semble indisponible et dans son monde. Comme l'énergie est omniprésente, elle peut devenir LE sujet de discussion. Cela soulève la question de ce que l'on partage et de ce que l'on ne partage pas, ceci pour éviter de blesser la relation primaire ou afin d'éviter les conflits.
Cela soulève la question des peurs et de la jalousie, il semble que parfois les conflits éclatent lorsque l'un y accède facilement et l'autre s'en protège. L'image de la personne qui est sur un grand huit et de l'autre qui subit cette attraction a parlé à plus d'un. Mais cela soulève cette question : suis-je jaloux de cette ENR car c'est quelque chose que je m’interdis ?
D'un autre côté, un sentiment de fierté peut aider celui qui subit cette nouvelle relation. C'est accorder à son amoureux primaire une certaine liberté ou simplement lui rendre celle qu'une relation exclusive impose dans la pratique et la norme.
Ceux qui la vivent
La chose la plus marquante dans ce groupe et ces discussions, c'est la volonté pour ceux qui vivent une ENR de protéger et de prendre soin de la relation primaire. Celui qui la vit peut aussi la subir d'une manière différente, car elle est parfois source de tension et d'incompréhension. Parfois aussi, on occulte la relation primaire sans en avoir réellement conscience et lorsque cela vient dans une discussion, on risque de se brûler les ailes et de déchanter. Ce qui semblait si facile, si beau, si nouveau, devient alors une source de problèmes. On observe une différence entre ceux qui travaillent sur leur égo et tentent de contenir cette énergie et ceux qui la vivent pleinement et qui en "profitent".
Parfois, l'inverse se produit, l'énergie dégagée lors d'une nouvelle relation transporte l'hôte et le transforme au point de "rallumer la première flamme". Cette énergie est alors mise au service de la relation primaire pour qu'elle devienne plus intense et plus solide encore.
Il est aussi convenu que le sentiment de responsabilité est très présent pour celui qui vit cette nouvelle énergie. Il a envie de prendre soin de tout le monde, mais également de lui-même et de s'accorder cette chance de vivre cette énergie et les émotions positives qu'elle procure.
Les ENR et les asymétries
Il est évident que, tant dans la survenue que dans la redescente d'une ENR, il peut y avoir des déséquilibres. L'un des partenaires peut avoir une envie folle d'écrire, de passer du temps avec l'autre, d'échanger avec intensité et, de son côté, l'autre partenaire peut être plus prudent ou plus timoré.
Lors de la normalisation et la standardisation de la relation, il se peut que l'asymétrie existe aussi avec, d'un côté, une folie qui reste et s'entretient et, de l'autre, l'envie de passer à quelque chose de plus tranquille.
L'énergie se déplace et se modifie en fonction des chemins de chacun, il est évident que cela peut être déséquilibré.
Sujets de développement
Les ENR sont de bons moyens de tester notre égo et nos peurs. Celle de l'abandon ou du rejet en particulier. On pourrait penser qu'avec une ENR, nous sommes aveuglés et emballés. L'ENR peut être un piège ou un tremplin.
On peut distinguer l'ENR + de l'ENR - : le premier sert toutes les autres relations présentes, car l'énergie qui en sort illumine la personne et cette dernière apporte un nouveau souffle et un pétillant qui s'étaient peut-être un peu atténués avec le temps.
Le fait de vouloir protéger l'autre nous conduit parfois à des comportements maladroits, à vouloir faire bien et que le message ne soit pas compris ou que cela réveille de la jalousie de la part de la relation primaire. La question essentielle est surtout de savoir si c'est à celui qui vit une ENR d'aider sa relation primaire ou est-ce que c'est du ressort de la première personne que de bosser sur ses peurs et ses craintes ?
Les émotions sont au cœur du lien et des interactions. La peur de l'abandon et du rejet peut être très présente mais, à trop vouloir protéger la relation primaire, on ne laisse pas la possibilité à l'autre de changer et d'apprendre. On se croit tuteur ou aidant alors que l'on laisse l'autre dans la position statique de "victime". Parfois il est nécessaire aussi de laisser les gens avancer avec leurs autonomies propres.
C'est cela aussi l'amour, avoir confiance en les compétences de l'autre pour ce qui est d'avancer dans son chemin de vie !
Comments