Ah, quelles merveilleuses amies que sont nos émotions !
Elles nous accompagnent de manière inconsciente dans notre quotidien conscient.
Quel goût exquis que de se sentir vivant à travers elles ! Ce sont elles qui caractérisent l'espèce humaine. Malheureusement, aujourd'hui, ce sont bien trop souvent elles qui gèrent nos vies, car on y attache trop d'importance, jusqu'à dire : je suis triste, je suis malheureux. Alors qu’en somme, nous ressentons quelque chose, ni plus, ni moins. Nous ne sommes pas réduits à nos ressentis, nous sommes bien plus profonds que cela.
Dans une démarche de développement personnel, comme dans tous les apprentissages, l'émotion est la clé. Pour apprendre, il faut un déséquilibre cognitif et émotionnel qui permettra l'implantation d'un nouveau savoir, rendant ainsi l'ancien obsolète. Ce profond déséquilibre me rappelle constamment le moment où j'ai compris la loi de Dalton, qui explique la loi des pressions partielles des gaz et qui nous explique que, non, il n'y a pas moins d'oxygène en altitude, mais seulement moins de pression des gaz et, par conséquent, une diffusion plus difficile de l'oxygène dans les poumons. Il en va de ce même déséquilibre dans le chemin de l'amour et du lien qui se parcourt, non sans embûche, dans nos relations plurielles. En effet, c'est ce que l'on peut appeler un ascenseur émotionnel, voire même un grand huit, qui monte haut et redescend très bas.
Pour mieux appréhender ces aléas, je me suis mis en quête d'une meilleure gestion de l'émotionnel, allant d'un extrême à l'autre entre vouloir être parfaitement lisse et imperméable, laisser mes émotions glisser sur moi sans m'atteindre ou, au contraire, me laisser submerger par elles, les laissant m'emporter et me pousser à réagir sans réflexion. Je n'ai fait qu'un seul constat : l'équilibre qui semble être le plus juste est celui de laisser les émotions vivre sans s’y attacher, amenant un état de sérénité profonde qui permet d'identifier une émotion sans s'identifier à elle.
En prenant du recul, je remarque que les émotions négatives ou « du côté obscur » sont rarement dans l'instant présent, et particulièrement liées au mental et à l'égo. De ce fait, on peut comprendre que ces émotions « noires » sont surtout liées au passé et à des douleurs relatives, à l'avenir ou à la projection de ce qui va se passer.
Prenons l'exemple du premier soir, première fois qu'elle part vers un autre homme, vivre une autre manière de se rencontrer, d’être en lien, voire même se lier dans l’intimité. La jalousie ou la peur sont des émotions plus que normales, dans ces moments, et on lutte contre elles. D’une manière plus excentrée, on peut voir que la jalousie va toucher le passé (ce qu'elle a vécu avec nous, son omniprésence à la maison, etc…). La peur est aussi la projection dans un futur : La peur qu’elle vive quelque chose de meilleur, qu'elle s'en aille « pour de bon », que l'on devienne l'ancien jouet.
D'une manière très simple, chaque émotion noire est l'expression d'une peur, et la peur, c'est l'inverse de l'Amour. Le défi consiste donc à revenir dans le cœur et dans l'Amour et de laisser faire le temps, car il est un allié précieux face à nos projections mentales sur un futur qui n'arrivera jamais. Car, même en étant très fort, il est impossible de prédire avec certitude ce qui va arriver. Le risque est encore plus grand car en laissant s’épanouir un sentiment de colère ou de rancune, il est probable de déclencher une situation qui ne sera ni joyeuse ni bienveillante, l’égo menacé entrant en jeu. L’égo et notre manière de nous identifier à lui sont assurément les pires alliés qui soient dans les relations amoureuses, et encore plus les relations plurielles. La base de toute relation sereine se trouve à travers l'acceptation de nos doutes et de nos émotions sans que l'on s'y identifie.
Respirer, prendre du temps pour soi, ne rien faire ou au contraire s'occuper, permet de calmer l’égo et de revenir à l'instant présent. Vous n'imagineriez jamais par quelles émotions je suis passé pour déconstruire la relation de couple dans laquelle je vivais, fier et fidèle, depuis 16 ans. Rien, mais alors rien ne fut facile ! À force de la « laisser partir » et d’accepter de pouvoir moi-même me lier avec amour à d'autres, j'ai compris que les pires scénarios que j'imaginais ne se réalisaient jamais. Pas de manque de désir, pas d'abandon, pas de vieux jouet avec lequel on n'avait plus vraiment de contact. Alors pourquoi continuer dans ce côté obscur ? Sans doute parce que la peur est toujours présente, moins tournée vers moi, mais plutôt vers elle. J'ai peur pour elle, peur qu'elle soit à nouveau blessée ou triste, qu'elle doive faire face à un refus ou que quelqu'un abuse d'elle, d'une manière ou d'une autre. Alors là aussi, cela génère tensions et discussions animées, parce que simplement il manque de la confiance. Si l'amour semble être l'opposé de la peur, il n'y a dès lors pas meilleur allié que la confiance pour avancer dans la vie. La société consumériste d'aujourd'hui s'abreuve largement des peurs des gens et s'appuie sur leur manque de confiance en eux pour vendre, vanter les mérites de tel ou tel produit. Pour ma part, j'ai travaillé en autodidacte sur ma confiance en moi ; et je dois avouer que beaucoup de personnes qui me connaissent bien m'ont aidé à leur manière. Durant près de 30 ans, je me suis mis beaucoup de pression et, par manque de confiance, il a fallu que je donne plus, que j'en apprenne davantage, etc… pour ce qui est de ma vie personnelle, c'était beaucoup plus complexe, car l'apprentissage et le développement personnel à travers l'ouverture de notre couple fut une démarche très solitaire.
Peu de gens sont des alliés efficaces, car ils vivent toujours, ou la plupart du temps, la vie commune des gens et ont les relations de couple classiques comme base de référence. Je n'ai pas seulement travaillé sur mes émotions et sur la gestion de ces dernières, mais bien plus sur ce qu'était l'Amour pour moi. À travers de nombreux écrits, et notamment de littérature philosophique, je me suis mis en quête de cette énergie puissante qui permet de combattre la peur efficacement. J'ai créé ma propre définition, qui rejoint celle de beaucoup de merveilleux penseurs d'aujourd'hui. La confiance s'acquiert dans le temps, et c'est un long travail. Les émotions négatives n'ont donc qu'un seul but : nous faire agir en faisant réagir l'autre. La colère n'est qu'un signal pour dire «je suis là, regarde-moi !!». Comme un enfant qui fait une crise. Ces émotions permettent de secouer le cocotier et nous permettent d'entrer rapidement en relation -en dispute- avec quelqu'un. Le temps en revanche, est l’allié inconditionnel de l'Amour.
L'amour sème des graines merveilleuses que l'on récoltera plus tard. Les émotions noires font pousser des orties, des chardons. Ça ne se cultive pas, mais ça prolifère vite et sans effort. Les toucher ou les semer à nos pieds nous permet simplement de ressentir quelque chose de désagréable pour se sentir exister. L'Amour, c'est être, au-delà de tout, un grand jardinier patient.
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