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La bibliothèque, la fête foraine et le temple

Photo du rédacteur: YannYann

Il était cordonnier, vivant sa vie et réparant les chaussures, permettant aux humains de marcher, voyager et découvrir le monde. Son métier n’était pas sa passion, mais il se plaisait à recevoir des clients et à leur apporter satisfaction.

Un peu usé par la routine, l’homme sentait qu’il devait apprendre quelque chose de différent, de plus grand que lui.

Il se rendit alors dans une bibliothèque et commença à étudier. Pendant des années, son quotidien se remplit de livres, de connaissances diverses, de philosophie et de romans d’aventure. Tout le passionnait et tout le rendait curieux. Plus il apprenait, plus il désirait apprendre. Petit à petit, son quotidien fut partagé entre son travail et la lecture. Plus rien d’autre ne comptait.


Mais au bout d’un certain temps, cet endroit était devenu pesant pour lui, il sentait cette pression de silence, le contact avec d’autres lecteurs lui était impossible. L’ambiance tamisée de la bibliothèque était devenue un endroit clos, de fil en aiguille sa volonté d’apprendre se transforma en prison.


Alors il décida de partir et d’explorer le monde. Avec sa plus belle paire de chaussures, il s’en alla sur les chemins à la recherche des autres et de connaissances différentes. Il avait envie de se lier aux humains, de ressentir à quelle grande famille il appartenait. Celle qu’on appelle humanité lui tendait les bras.


Il se retrouva alors en lisière de forêt. Sortant des bois, il tomba directement sur une fête foraine. Un festival de musiciens, des artistes, des manèges et des stands divers ainsi que de la nourriture à profusion se trouvaient là, simplement.

Il s’enivra au contact des autres, des lumières et des sons. La musique l’envahissait comme un feu en lui. La danse, les rires, les échanges… la légèreté. Tout semblait simple et facile. Loin des codes de la bibliothèque et des livres devenus ennuyants. Sa vie devenait plaisir immédiat et lâcher prise. La spontanéité et le langage du corps avant tout. Les stands proposaient de la nourriture si délicieuse, sucrée et pleine d’arômes qu'elle remplissait son corps pour lui offrir l’énergie qui lui permettait de danser jusqu’à l’aube.

Les jours passèrent et l’ennui revint. Comme autrefois il avait été gavé par les livres, l’odeur de la nourriture l’écœurait. Les manèges ne lui apportaient plus aucune sensation forte et bien malgré tout, la musique commençait à être monotone, suivant toujours les mêmes rythmes.

Reprenant son voyage, il décida sans aucun remord de fuir cet endroit devenu superficiel et sans profondeur d’échange.

Il s’engagea alors dans une grande forêt qui s’étendait au pied de falaises immenses. La montagne se dressait là. Immobile et puissante. Trouvant un chemin sous ses pas, le cordonnier le suivit et trouva un temple accroché aux flancs de la montagne.

Un moine méditait sur une butte. Paisible et calme. Inspirant la sérénité et la plénitude. Continuant sa route, notre cordonnier entra dans le temple du moine, déposa ses affaires et commença à méditer. Le calme et la paix trouvés, il retourna au fond de lui-même. Il prit conscience du monde qui l’entourait et du monde qui l’habitait. Il se laissa emporter dans la respiration, dans la profondeur du corps et des énergies. Ressentant les vibrations de la nature, en communion avec elle.

Sa barbe longue et ses cheveux décoiffés, il cherchait l’éveil et la lumière de la plénitude. Pourtant, après quelques années, il ressentit le besoin d’autre chose, son mental revenait au galop lors de ses méditations et son ascèse devint pesante.

Il alla voir le sage du temple, un homme bon, qui était là depuis de nombreuses années, probablement même depuis la création du temple.

Le cordonnier lui dit : « Maître, je me sens perdu, je me suis plongé dans la connaissance en pensant qu’elle m’amènerait la liberté elle m’a ensuite enfermé. J’ai trouvé une liberté chez les forains, et pourtant elle m’est apparue malsaine et fade. Maintenant que je suis ici, je ressens un manque alors que je recherche l’ascension et l’éveil. J’ai l’impression de ne jamais trouver ma place et ma condition. »

Le sage lui répondit : « Et ta maison brave homme ? qu’en est-il ? Tu as quitté ta maison et tu as parcouru le monde afin de trouver un sens à ta vie et ta place parmi tes semblables. Peut-être que ce voyage te paraît inutile, mais il n’en est rien. A travers les rencontres et le chemin, tu as expérimenté et découvert des facettes de ton être. Entre le savoir, le plaisir et la spiritualité, tu as cru qu’il était nécessaire de s’enfermer dans l’un ou dans l’autre pour vivre pleinement.

A l’intérieur de chez toi, tout existe ! Dans ta maison, tu peux méditer, lire ou écouter une bonne musique ! Tu peux t’instruire ou simplement t’évader avec un livre. Tu peux danser, rire et jouer et parfois même te reposer pour revenir dans ton centre. Il n’y a pas d’obligation à embrasser l’un ou l’autre, sinon les bibliothèques ou les temples seraient trop petits !

Va, retourne chez toi et accepte cette part de curiosité en toi, travaille et donne un sens à tes pas. Trouve la paix entre le corps, l’âme et l’esprit. Et si l’envie te prend de revenir ici, de retourner dans un festival ou dans une bibliothèque, offre-toi cette chance. La vraie liberté c’est celle-là et rien d’autre. »


Le cordonnier revint chez lui, ouvrit les fenêtres de sa maison et laissa la musique revenir. Il rangea ses livres sur une bibliothèque et les relut un par un. Il se reposa de temps en temps dans la méditation et comprit que la véritable liberté était de s’en aller comme bon lui semblait, là où il ressentait le besoin d’être un instant, et de retourner toujours chez lui quand il le souhaitait.

A vous tous qui essayez de trouver une voie comme moi, je vous souhaite d’aller à la rencontre de personnes créatives, spirituelles et intelligentes. Des gens qui vous apporteront chacun un bout d’eux-mêmes.

A travers le lien et les rencontres, prenez soin de vous et revenez dans votre maison, dans votre centre. Nourrissez votre intérieur de souvenirs, de connaissances et de liens merveilleux. A parfois rechercher trop de liberté, on en oublie l’équilibre qui doit être en nous dans un mouvement continuel : Celui de la Vie !

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