Grande ineptie de notre civilisation, l’ère moderne de l’humanité nous a poussés à nous expandre et grandir de plus en plus.
Nous avons exploré et conquis les continents, les mers et les océans. Cette expansion de plus en plus grande a rétréci le monde : aujourd’hui on fait quelques heures de voyage pour changer de pays et en deux jours, nous sommes à l’autre bout du monde. Les messageries, les réseaux et la connexion toujours plus rapide nous ont rapprochés : nous pouvons communiquer « en live » avec nos proches alors qu’ils habitent à une dizaine d’heure d’avion de chez nous.
Il est intéressant de voir que chaque invention crée par l’humanité pour nous rapprocher (comme l’avion, les courriels et les réseaux sociaux) nous dessert en produisant aussi un effet inverse : nous n’utilisons plus l’avion pour rejoindre nos amis et notre famille, mais pour voyager et découvrir d’autres pays, faire le touriste. La messagerie instantanée pourrait nous permettre d’être en contact mais l’effet produit est cette dépendance à l’écran au détriment des contacts réels. On « like » dans notre coin, seul avec notre téléphone. Au lieu de se nourrir de la présence, on dégaine le téléphone pour relever nos messages lorsque l’autre part aux toilettes pour faire de même… On regarde si l’autre est « en ligne », disponible.
Ainsi va la vie et il est difficile de lutter contre ces phénomènes qui nous emportent et nous dépassent. Le mode relationnel ouvert et « libre » n’échappe pas à cette règle d’expansion que nous connaissons aujourd’hui : c’est une aventure, oui, une grande aventure humaine qui parle du Lien et de l’Amour. C’est grisant !
L’appel est grand et l’attrait certain : il s’agit d’une épopée, d’expansion et de découverte. On se lance avec tâtonnement dans cette manière de vivre le Lien et c’est vite l’euphorie : on découvre d’autres vies, d’autres centre d’intérêts stimulants, d’autres modes de pensées, d’autres mondes. On s’ouvre comme un livre à cette ivresse des rencontres et à cette énergie qu’elles nous procurent. On se nourrit, on se remplit avec cette soif de recommencer, d’exploser nos limites et de grandir encore et encore, ne voulant plus nous arrêter dans cet élan. Ce feu intérieur qui nous lance avec force dans ce monde relationnel semble infini.
Le polyamour ne fait pas exceptions aux règles du jeu de cette expansion qui parfois nous dessert : l’effet produit par cet envol et cette exploration pourrait nous dépasser, voire nous consumer.
L’aventure oui, mais à quel prix ?
Celui de perdre en qualité ? En profondeur ? De n’être que dans ces relations éphémères qui s’essoufflent avec le temps ?
L’aventure et l’expansion que nous offrent les relations plurielles ne sont pas une forme d’énergie tournée vers les autres, vers ce qu’ils ou elles nous apportent, mais véritablement un chemin initiatique intérieur. Un pèlerinage tourné vers notre âme, notre vibration profonde, vers le Lien avec nous-même et vers notre propre énergie.
A nous d’y être attentifs et de savoir parfois ralentir, se poser.
Prendre le temps de réfléchir à ce qui nous unit à l’autre, à ce à quoi on aspire et aux intérêts et projets de vie qui sont les nôtres. L’idée n’est pas de consommer et de suivre les envies de notre petit égo qui recherche le plaisir immédiat, la simplicité, mais de trouver le véritable équilibre et cette sérénité intérieure qui nous permettent de contrer les effets pervers de cette ouverture.
La Vie nous offre de comprendre l’Amour, de parcourir et de vivre cette énergie à travers le Lien et les relations. Arrêtons-nous sur cette chance de le faire en conscience, dans une expansion de notre être avec la joie de nous reconnecter à l’essentiel : nous et l’autre.
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